Comme le répondait, dans un diner en ville, je crois, le poète Paul Valery à un peintre qui se vantait de vouloir écrire, car « il avait plein d’idées » : « On n’écrit pas, Monsieur, avec des idées mais avec des mots ». Les mots sont nos tubes de couleur, notre marbre de Carrare, nos fusains et notre plâtre, et ils sont dans les dictionnaires.
Si, quand tu en ouvres un, tu ne peux t’empêcher de lire ensuite les occurrences qui s’enchainent, en notant des citations, cherchant des mots inconnus, tu es faites pour écrire.
Le Dictionnaire Historique de la Langue Française, dirigé par le délicieux, érudit, pétillant, Alain Rey chez Robert est le must have de tout apprenti écrivain, amoureux de la langue, passionné et curieux comme toi. Tu le liras comme un roman. Ne l’achète pas, je te l’offre !
J’adore lire le TLF en ligne (Trésor de la Langue Française) : http://atilf.atilf.fr
Sur ce site, réellement très moche, tu trouves TOUTES les versions du Dictionnaire de l’Académie Française depuis 1694. Pas mal non ?
Mais encore plus fort, et encore plus moche, là, http://www.lexilogos.com/francais_classique.htm , tu as les liens vers des centaines de dico. Le Furetière du XVIIème par exemple. Certains numérisés bêtement, d’autre consultables vraiment.
Ensuite, il te faut un bon Dictionnaire des Synonymes. Celui que j’utilise depuis des années, simple d’emploi et extrêmement performant, mis au point par l’université de Caen : http://www.crisco.unicaen.fr/des/
Les mots ne suffisent pas, il faut construire tes phrases. Introduction à la Rhétorique d’Oliver Reboul est un délice d’érudition et de clarté, comme le malicieux professeur en couverture.
Le Dictionnaire de Rhétorique et de Poétique est un peu plus confus, mais plus riche, (la pochothèque, le livre de Poche).
Le travail ne s’arrête pas là. Ponctuer est un art, Le Traité de la Ponctuation Française de Jacques Drillon, ancien correcteur au journal Le Monde, sera ton outil, aussi indispensable que l’est la clé à molette pour le mécanicien.
Il y a les mots, les phrases et les références.
Notre univers d’écriture est saturé, du moins en occident, de références bibliques et mythologiques. Nous ne les voyons plus et pourtant elles sont partout présentes. Le Dictionnaire de la Bible en Editions « Bouquins », le Dictionnaire de la Mythologie de Pierre Grimal aux PUF, complétés par les guides d’iconographie La Bible et les Saints et Héros et Dieux de l’Antiquité, tous deux dans la superbe édition « TOUT L’ART » chez Flamarion. Car t’appeler Paris, et écrire sans penser à Hélène, Troie, la dispute entre Héra, Athéna et Aphrodite, serait un manque de Jugement.
Enfin, très utile pour répondre aux lettres des éditeurs, ces pisses-vinaigres, fesse-mathieu, bêtes à bouffer du foin et bas du plafond, Le Dictionnaire des Injures de Robert Edouard…
et le Dictionnaire d’Expressions et Locutions par Alain Rey, toujours, histoire de savoir ce que veulent dire les injures plus haut citées.
Enfin il ne faut oublier Le Dictionnaire des Idées Reçues de Gustave Flaubert, qui pour beaucoup d’occurrences n’a malheureusement pas vieilli ; et l’incontournable Dictionnaire du Diable, publié en 1911, par Ambrose Bierce. J’adore ! La politique est la conduite des affaires publiques pour le profit des particuliers ; Sublime !