On a pas attendu la niaiserie de l’autofiction pour écrire sur soi, et sur soi-même. Et souvent de manière magistrale. Une inclination profonde m’a toujours porté vers les récits du moi, les correspondances, les journaux intimes. J’en ai même fait mon métier ; j’aime recevoir les confidences, traquer l’intime, dévoiler l’inconscient derrière le texte.
Dans l’ordre de mes préférences je mettrai :
Même si Madame Bovary, c’est lui, Flaubert se découvre avec délectation dans sa Correspondance. Homme plume suant le substantif et le verbe, polissant sa phrase pendant des semaines parfois, amoureux, il se dérobe à sa Louise poétesse, mais demeure gaillard et vert avec ses amis, et surtout Flaubert déteste les bourgeois avec férocité et drôlerie. Correspondance d’un génial gueulard, quatre tomes en Pléiade qui se lisent comme du Dumas.
Les Confessions de Jean-Jacques, Rousseau bien sûr et le tome un avant tout.
Fusée et Mon Cœur Mis à Nu de Charles Baudelaire. C’est court, féroce, efficace. Désespéré et boutiquier, génial et petit.
Roland Barthes par Roland Barthes. Parce que c’est Roland Barthes et qu’il parle si bien du ciel lavé du Sud Ouest, de Proust, du désir d’écrire et de sa contrariété.
Notes de Chevet de Sei Shonagon. Blog, ou compte insta, d’une ado japonaise espiègle, libre et délicatement juste. En fait, publié au Xème siècle.
Mémoires d’Outre-Tombe, Chateaubriand. Récit d’aventure, romantisme, passage d’un monde à un autre, François-René ne se prend pas pour de la merde mais qu’est ce qu’il écrit bien !
Journal de Kafka. Franz est sacrément désespérant, mais avec quelle classe.
Pour en finir avec Eddy Bellegueule. Ouah, court uppercut d’un jeune homme mal né et particulièrement brillant.