Quand je tente de faire la liste de tout ce que j’ai lu enfant, j’en suis affolé : Je devais lire un livre par soir ! Certainement en sautant la moitié des passages pour nombreux, et en relisant d’autre sans jamais me lasser. Particulièrement les livres qui me faisaient rire : J’avais un faible pour « l’humour british », le pince sans rire…
Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome est le livre que j’ai le plus relus de ma vie. J’en connais encore aujourd’hui certains -courts- passages par cœur. Chaque fois que j’avais le blues, que je me sentais incompris par mes parents, et c’était fréquent, ou par mes camarades de classe, que j’étais amoureux mais souffrais de ne pouvoir le dire, je relisais cette épopée drolatique de trois « gentlemen » sur la Tamise, pleurant à force de vouloir retenir mes rires pour ne pas déranger mon frère qui dormait dans la même chambre que moi au récit de l’oncle Henry accrochant un tableau, ou de l’ouverture d’une boite de thon, ouverture impossible bien entendue. Je me rêvais anglais, flegmatique et drôle, élégant et « en weekend », car dans la même veine, j’ai dévoré les aventures de Jeeves, le valet de chambre de l’inconséquent lord Bertie.
P. G. Wodehouse me faisait hurler de rire à la plus grande inquiétude de ma famille qui me croyait endormi dans un transat sous le platane de notre maison de vacances.
Ma trilogie anglaise se complétait par les fameux Carnets du Major Thomson, inventé en 1954 par Pierre Daninos, un français dont je connaissais l’image un peu surannée, en costume cravate, mais aussi avec le sourire malicieux de ces années insouciantes, semblable à celui de l’équipe du « petit rapporteur », Jacques Martin et Pierre Desproges en tête, mes idoles du moment à la télévision, et qui dans les années 70 me faisaientt rire à coup sûr.