L’été, une tradition veut que l’on lise, et de préférence un bon gros roman. Outre le fait que c’est lourd à trimbaler, le bon gros roman se révèle le plus souvent indigeste. Que ce soit un polar aux ficelles éculées et rebondissements aussi improbables qu’exaspérants ou un roman historique dont le style et le propos te rappelle douloureusement le sentiment premier de tes années d’école, l’ennui.
A la rentrée, il finira tâché, déformé et surtout inachevé. Devenu cale-porte, il portera l’amertume d’une lecture gâchée.
Il n’y a rien de plus terrible que de rater ses lectures d’été. Pour les réussir, outre de lire des romans qui se déroulent où tu te trouves, privilégie les livres acidulés, courts, jouissifs ; Ceux qu’on peut achever en une grande journée au bord d’une piscine dans une étouffante plénitude . Les romans d’aventure que l’on peut retrouver sans se perdre, le soir, fatigué d’une longue marche urbaine, les yeux trop pleins, l’esprit en ébullition.
Quoi de plus distrayant que de lire un Arsène Lupin, écrit par Maurice Leblanc, -radical socialiste à la moustache triomphante de début de siècle-, en plein farniente? J’ai dévoré les aventures du « gentleman cambrioleur » sous un platane, dans la moiteur de l’été de la côte d’azur ; une lecture rafraichissante comme une limonade, avec juste ce qu’il faut d’acidité – ou de mystère.
Dans le même ordre d’idée, tu achèteras pour trois francs six sous avant de partir une pelletée des éditions du Masque, le petit livre jaune, le policier pour mamies, en privilégiant les Agatha Christie, toujours surprenant, les Boileau-Narcejac, dont certain sont délicieusement pervers.
Et puis se lire tout les Maigret au soleil, alors qu’ils se déroulent si souvent dans la brume et le froid, c’est comme se mettre un ventilateur dans le visage, un glaçon sur le front, les pieds dans l’eau…