Dans mes fantasmes d’écrivain, l’un a longtemps tenu une place essentielle ; il vient de s’anéantir aujourd’hui (23 mai 2018). J’ai toujours espéré pouvoir un jour, et ceci après avoir lu avec une jubilation matinée d’admiration virile Portnoy et son Complexe, suivre un atelier d’écriture avec Philip Roth, un summer camp sur un campus américain aux pelouses vastes comme des villes, aux bibliothèques d’acajou ciré emplis d’ouvrages rares où le maître aurait corrigé de son regard noir, non sans une certaine ironie amicale, mes tentatives romanesques.
Ma faible maitrise de l’anglais fut une excuse, ridicule comme toutes les excuses. Il faut aller au bout de ses rêves avant qu’ils ne deviennent des amertumes.
Maitre de la nouvelle génération des écrivains américains (Dee, Franzen, Ellis, nous en parlerons plus loin), Roth est drôle et mordant à ses débuts, amère et terriblement lucide à la fin de sa vie. Il est vrai, une écriture sans gras, sans concession, des constructions romanesques parfaites, complexes disent certain. En 2012, il avait déclaré arrêter d’écrire ; je ne l’avais pas cru. Il vient de mourir ; je ne peux le croire.
Lis le en Quarto de chez Gallimard, (j’aime cette édition, le papier, un peu bible, le format souple, le poids du livre…), elle regroupe mes romans préférés : Une Pastorale Américaine, La Tâche, J’ai épousé un Communiste et Le Complot contre l’Amérique.