Je me souviens
Débuté le 24.06.2018
Quand Perec écrit Je me Souviens, ces « choses communes », cette description de « l’infra-ordinaire », cette sorte d’épuisement du banal qu’il a travaillé dans Espèces d’Espaces, lieux où j’ai dormi, et autres exercices oulipien, il a 43 ans. J’en ai 15 de plus quand j’ai débuté ce texte. J’écris alors, en préambule ceci : je vais tenter de dérouler ces souvenirs du quotidien, ces temps faibles de la vie, comme contrepoint de mon texte, « Ne pas Oublier », si profondément intime. Ici je serai comme le nomme Barthes, dans l’extime.
Je me souviens que la nuit où Amstrong marcha sur la Lune, les marchands de télévision avaient sorti les postes sur les trottoirs pour que les badauds puissent voir l’exploit.
Je me souviens que la mascotte des Jeux Olympique d’hiver de Grenoble s’appeler « Schuss ».
Je me souviens qu’en France, on avait pas de pétrole mais idées.
Je me souviens que le soir de la mort du général de Gaulle, les émissions de télévision s’interrompirent pour ne pas reprendre.
Je me souviens de Pif Gadget et des haricots sauteurs du Mexique.
Je me souviens d’Eddy Mercx et de Poulidor.
Je me souviens de l’Amoco Cadix et des mouettes couvertes de mazout en une des journaux.
Je me souviens des photos des enfants diformes de Minimata.
Je me souviens que la télévision était en noir et blanc.
Je me souviens que le petit train de « l’interlude » portait sur ses wagons un rébus et qu’il tournait tellement lentement qu’on ne pouvait jamais en connaître la fin.
Je me souviens de Giscard à la Barre et de Mitterrand Président.
Je me souviens des sourcils broussailleux de Pompidou.
Je me souviens que sur la plage, l’on vendait les journaux à la criée.
Je me souviens que les policiers portaient des képis.
Je me souviens que le Général de Gaulle avait interdit la diffusion de la chanson de Gainsbourg, Je t’aime moi non plus.
Je me souviens que pour vingt centimes on pouvait acheter un Malabar.
Je me souviens que Platini jouait à l’AS Saint-Etienne avec Marius Trésor et Rocheteau.
Je me souviens des Radio Libres.
Je me souviens du minitel.
Je me souviens du bruit du modem se connectant : un vrombissement puis un sifflement long.
Je me souviens du téléphone portable Nokia 3210.
Je me souviens que les téléphones avaient des cadrans que l’on tournait avec le doigt pour composer les numéros.
Je me souviens de la victoire des Bleus, Black-Blanc-Beurs en 98.
Je me souviens qu’il n’ y avait pas de supermarché mais des épiceries, pas d’autoroute mais des nationales.
Je me souviens d’Apostrophe avec Bernard Pivot interviewant un Bukowski complètement saoul.
Je me souviens des boites de nougats en forme de borne kilométrique où était écrit : N7 MONTELIMAR.
Je me souviens que l’on fumait partout, dans les avions, les restaurants, les trains, l’école et même à la télévision.
Je me souviens des images des enfants du Biafra, le ventre gonflé sur une terre aride et craquelée.
Je me souviens que l’on disait « Europe numéro un » à la radio avec le carillon de Big Ben pour annoncer les heures.
Je me souviens des tasses Mobil, des queues de tigre Shell, et des figurines de gaulois de chez Antar.
Je me souviens de l’URSS, de la République Démocratique d’Allemagne, de la Yougoslavie, de la Tchécoslovaquie.
Je me souviens Des Enfants du Rock, le samedi soir, avec Philippe Manœuvre.
Je me souviens que les Mobylettes étaient d’abord bleues, puis de couleur orange.
Je me souviens qu’un jour, il a fallu coller et payer, une vignette pour sa voiture.
Je me souviens de l’image floue d’un homme avec une cagoule tenant un homme en joue sur le balcon d’un immeuble de Munich.
Je me souviens que la France avait remporté l’Eurovision avec la chanson de Marie Myriam, L’Oiseau et l’enfant.
Je me souviens des sabots suédois portés avec des pattes d’Eph’.
Je me souviens de mai 68.
Je me souviens du catalogue de la MANUFRANCE, la Manufacture des Armes et Cycles de Saint-Etienne.
Je me souviens qu’il y avait des annonces matrimoniales dans Le Chasseur Français et dans le Nouvel Observateur mais qu’elle ne visait pas le même public.
Je me souviens de SOLIDARNOSC et de son leader à grosse moustache, Lech Walesa.
Je me souviens des colères de Mac Enroe sur le cours central de Roland Garos.
Je me souviens qu’il y avait des pompistes pour servir l’essence.
Je me souviens des premiers clips sur la chaine M6.
Je me souviens du téléphone sans fil BeBop et de ses bornes inscrites d’un trait bleu sur les poteaux.
Je me souviens que les bandes routières étaient jaunes, les zones de stationnement, bleues et Les passages piétons marqués par de gros clous de fer.
Je me souviens que Yukio Mishima c’est suicidé en se filmant et en se faisant Hara-Kiri.
Je me souviens d’avoir eu un Walkman.
Je me souviens des cadeaux Bonux dans les paquets de lessive.
je me souviens des dragibus et des carensac.
Je me souviens que Jean-Claude Bourret nous parlait à la télévision des OVNI.
Je me souviens du premier Paris-Dakar avec les frères Marreau en 4L.
A suivre…